Cairn.info rend public le premier rapport de son Comité de mission
2021-2024
Ce rapport dresse un premier bilan : croissance de l’offre, accessibilité renforcée, diffusion internationale, nouveaux modèles économiques…
Résumé exécutif
Cairn.info étant depuis début 2023 une société à mission, un Comité de mission a été créé pour vérifier si le développement de l’entreprise correspondait bien à sa raison d’être, telle qu’elle est définie pas ses statuts :
Favoriser (…) la découverte par le plus grand nombre d’une recherche scientifique francophone de qualité, tout en cultivant ’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.
Ce Comité, composé de 10 personnes, s’est réuni à quatre reprises en 2023 et 2024. Les résultats de ses travaux sont présentés dans ce document.
Pour l’essentiel, il a été constaté que les évolutions récentes connues par Cairn.info – notamment les évolutions connues pendant la période 2021-2024 – sont absolument conformes à la mission que l’entreprise s’est donnée. En particulier :
- l’offre de revues et d’ouvrages proposée par Cairn.info s’est considérablement enrichie tant quantitativement que, pour autant qu’il soit possible d’en juger objectivement, qualitativement, et elle s’est diversifiée, touchant maintenant les sciences juridiques, les sciences exactes, les sciences appliquées et la médecine – les S.T.M. – , domaines dans lesquels Cairn.info était jusqu’à présent absent ;
- en ce qui concerne les ouvrages, de plus en plus de titres récents (parus au cours des trois dernières années) ont été mis en ligne, ce qui correspond vraisemblablement aux attentes des utilisateurs de la plateforme ;
- par ailleurs, Cairn.info a développé différents services (traduction d’articles, constitution et diffusion de dossiers thématiques en partenariat notamment avec Books et Le Carnet Psy, organisation et diffusion de rencontres auteurs, etc.) destinés à faciliter la visibilité et la découvrabilité des publications présentées sur la plateforme ;
- globalement, cet enrichissement de l’offre n’a pas donné lieu à une augmentation déraisonnable des tarifs pratiqués par la plateforme. Au contraire, exprimés en euros constants, ceux-ci ont plutôt reculé entre 2021 et 2024 ;
- l’entreprise s’est également montrée innovante en termes d’accès et de modèle économique. En plus du modèle de l’accès gratuit différé – c’est-à-dire du modèle de la « barrière mobile » – proposé par la plateforme depuis sa création, est proposé désormais, en partenariat avec l’ABES et Couperin, et avec le soutien du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, un nouveau modèle, « Souscrire pour ouvrir », permettant de diffuser en accès libre, sans les fragiliser excessivement d’un point de vue économique, de nouvelles publications (31 revues à ce jour) ;
- plus généralement d’ailleurs, la part d’articles de revues présentés sur le portail en accès gratuit ne cesse d’augmenter, atteignant désormais 75 % ;
- Cairn.info apparaît aussi non comme un outil propriétaire à destination exclusive des éditeurs qui en sont actionnaires, mais comme un outil ouvert, à disposition de l’ensemble des structures francophones actives dans l’édition universitaire ou dans l’édition scientifique de qualité. Rien que pour les ouvrages, la plateforme compte ainsi désormais près d’une centaine de maisons d’édition partenaires, c’est-à-dire de maisons d’édition ayant souhaité avoir recours à ses services pour diffuser les titres de leur catalogue ;
- enregistrant pas loin de 140 millions de consultations d’articles de revues ou de chapitres d’ouvrages par an, la plateforme remplit enfin pleinement un des rôles principaux qu’elle s’est donné : accroître l’audience des résultats de la recherche francophone, en France comme à l’étranger.
Cela étant, le Comité de mission voudrait attirer l’attention des responsables de l’entreprise sur un certain nombre de points :
- ils ont d’abord remarqué qu’alors que le nombre d’articles de revues et de chapitres d’ouvrages présentés sur la plateforme augmente très sensiblement, le nombre de consultations, bien que très important, est depuis peu en recul, notamment pour ce qui concerne les consultations provenant d’utilisateurs hors institutions. Il leur semble qu’il peut exister différents facteurs explicatifs à ce phénomène, des facteurs explicatifs internes à l’entreprise (le lancement en 2024 d’une nouvelle version de la plateforme qui a peut-être pu, dans un premier temps, troubler certains de ses utilisateurs) et des facteurs externes (l’évolution des modes d’affichage des résultats de recherche sur Google, principal referrer de Cairn.info, et/ou l’apparition de nouveaux agents conversationnels fondés sur l’intelligence artificielle générative). Il leur apparaît donc que ces évolutions devront être suivies avec une attention particulière au cours des prochaines années ;
- les membres du Comité ont aussi observé qu’au cours des dernières années, la croissance des revenus reversés globalement aux ayants droit (des revues et des ouvrages présentés sur la plateforme) a été significativement inférieure à l’augmentation du nombre de publications diffusées. En d’autres termes, la rémunération moyenne par revue et surtout par ouvrage a baissé. Dans un contexte de développement rapide de la plateforme, ceci n’est en rien anormal (le développement de l’offre de contenus devant nécessairement précéder le développement du chiffre d’affaires de la plateforme et donc l’augmentation des montants reversés aux ayants droit) mais il conviendrait de veiller à ce que ceci ne soit que temporaire ;
- dans le même ordre d’idées, il serait souhaitable d’apprécier plus précisément l’impact, non seulement en termes d’audience mais aussi en termes économiques, du dispositif « Souscrire pour ouvrir » sur les revues concernées et sur leurs ayants droit ;
- il est aussi apparu aux membres du Comité que si l’offre de Cairn.info est manifestement ouverte et de plus en plus diversifiée, les publications émanant de structures éditoriales francophones de pays du Sud restent (trop) rares. Le développement récent par Cairn.info d’une offre partenaire « en marque blanche » qui permet aux structures éditoriales de pays du Sud de voir leurs publications diffusées sur la plateforme mais uniquement à destination des internautes de leur région, est sans doute susceptible de remédier partiellement à cette situation (bien que celle-ci soit vraisemblablement le résultat de raisons plus générales). On peut cependant se demander si cette nouvelle offre ne devrait pas être complétée (si ce n’est pas encore possible) par un dispositif permettant d’accroître également la visibilité de ces publications ou d’une partie d’entre elles auprès des lecteurs des pays du Nord ;
- il a aussi semblé aux membres du Comité de mission que l’entreprise pourrait être davantage attentive à accroître spécifiquement la visibilité et la découvrabilité des publications rédigées par des autrices. La sous-représentation de publications rédigées par des femmes parmi l’ensemble des publications universitaires et scientifiques renvoie évidemment à des phénomènes structurels sur lesquels Cairn.info, seul, n’a guère de prise ; il n’en reste pas moins que, lors d’initiatives prises par la plateforme pour améliorer la visibilité et la découvrabilité des publications qu’elle diffuse, à l’occasion, par exemple, de l’organisation de rencontres/captations vidéo, une attention particulière devrait être apportée au fait que la présence des femmes soit au moins égale à la place qu’elles occupent parmi l’ensemble des auteurs ou autrices dont les publications sont diffusées sur la plateforme ;
- enfin, il est apparu aux membres du Comité de mission que l’entreprise aurait sans doute avantage à se doter d’outils complémentaires d’appréciation de ses performances, particulièrement des performances qui sont les siennes au regard de la mission qu’elle s’est donnée. Par exemple, des outils d’évaluation de la satisfaction de ses utilisateurs et de ses partenaires (auteurs, responsables de revues, responsables de maisons d’édition, bibliothécaires, etc.) ou encore des outils de suivi (outils de type analytics, organisation régulière de focus-groups utilisateurs, etc.) des comportements et attentes de ses utilisateurs, point évidemment essentiel dans un environnement technologique et concurrentiel aussi mouvant que celui que nous connaissons aujourd’hui.